croissance-argent

L’économie du bonheur est une branche récente de l’économie en plein essor depuis les années 1990-2000. Véritable discipline académique, elle observe et analyse les déterminants économiques du bien-être subjectif des individus tel qu’il est déclaré dans les enquêtes.

Les économistes ont longtemps été réticents à s’intéresser au bien-être et aux préférences des individus. D’une part, ces dernières étaient jugées a priori inobservables (seuls les comportements sont observables) et donc impossibles à analyser. D’autre part, elles étaient censées être révélées par les décisions prises. Et, suivant cette logique, il n’y aurait effectivement rien à dire sur le bonheur. Si les individus étaient pleinement rationnels, ils prendraient en effet les décisions qui maximisent leur bien-être. Point final.

Pourtant, de nombreuses recherches depuis les années 1970, rassemblées au sein de l’économie comportementale, ont montré que la rationalité des économistes est une chimère. Il est ainsi tout à fait possible, voire probable, que les individus ne prennent pas les décisions qui maximisent leur bien-être. Qui plus est, celui-ci peut bel et bien être mesuré, à partir d’enquêtes subjectives sur le bonheur déclaré. Un certain nombre d’éléments suggèrent que les réponses données dans ces enquêtes sont relativement fiables. Assez pour nourrir une réflexion académique rigoureuse sur les déterminants du bonheur.

Des pionniers de l’économie du bonheur dès les années 70

Quelques travaux empiriques pionniers avaient bien ouvert la voie à l’économie du bonheur dans la deuxième partie du 20ème siècle. Ceux de Richard Easterlin sur la relation ambigüe entre revenus et bonheur (dès les années 1970). Ou encore ceux sur la satisfaction au travail (Hamermesh à la fin des années 1970) et les conséquences de ces résultats sur la mesure théorique du bien-être (Van-Praag) et sur la définition des politiques publiques (Richard Layard au début des années 1980).

Pourtant, il faut attendre le tournant du siècle pour que ces économistes hétérodoxes trouvent un corpus théorique susceptible d’appuyer leurs propres travaux. En raison de l’intérêt croissant, entre autres, des psychologues pour une psychologie hédonique (qui s’intéresse au plaisir) voire une psychologie positive (qui analyse l’épanouissement des individus).

Depuis lors, ces économistes « déviants » se sentent de moins en moins seuls. Et les recherches en économie du bonheur affluent de toutes parts pour illustrer la relation entre la situation particulière des individus (leurs revenus, leur niveau de consommation, leur statut face à l’emploi…) ou l’environnement macroéconomique (le niveau de la croissance, des inégalités, du chômage, de l’inflation…) et le bonheur que ces individus rapportent lorsqu’on les interroge.

Les observations qui sont faites dans ces multiples études nous amènent à nous questionner sur le bien-fondé de nos choix économiques, individuels et collectifs, en vue d’atteindre le bonheur.

Faisons-nous ce qu’il faut pour être heureux ?