INTERVIEW. Ouest France, le 05/03/2017. Propos recueillis par Christel Marteel. Branche émergente ou phénomène de mode ? L’économie du bonheur scrute notre rapport au travail, à l’argent, à notre manière de consommer. Mais de quoi s’agit-il vraiment ? Eclairage de Mickaël Mangot, fondateur de l’Institut de l’Economie du Bonheur.
L’argent fait-il vraiment le bonheur ?
On peut dire qu’il le fait mais il faut mettre des bémols parce qu’il le fait de moins en moins au fur et à mesure que l’on s’enrichit. Chercher l’argent quand on n’en a pas, c’est pertinent ! Cependant, continuer à se battre pour en avoir plus quand on en a déjà beaucoup, cela devient une stratégie vaine pour ce qui est du bonheur. Il y a quelque chose de particulier avec l’argent qui peut devenir un peu comme une drogue. Sans être une drogue, il reste un indicateur de notre place dans la société. Il est un étalon de notre succès qui permet de s’évaluer par rapport aux autres. Il achète l’évaluation que l’on fait de sa vie mais pas les émotions. Non, les très riches ne se marrent pas du matin au soir ! (…)
Le travail n’est-il pas un élément essentiel au sentiment de bonheur ?
Oui et à l’inverse, être au chômage est l’un des chocs les plus brutaux dans la vie d’un individu. C’est un choc auquel on ne s’habitue pas avec le temps. Même si l’on retrouve un emploi, on continue d’avoir une estime de soi diminuée et à se sentir en insécurité dans un monde que l’on perçoit comme plus anxiogène qu’il n’était avant la période de chômage.
Exercer un métier que l’on aime est-il une autre condition au bonheur ?
Un boulot alimentaire ne rend pas forcément malheureux si c’est une stratégie de vie. En ce moment on nous vend beaucoup le bien être au travail, mais pour un individu, il y a différentes façons de le vivre et de le lier aux autres dimensions de sa vie. L’orientation de celui qui le voit uniquement comme un gagne-pain n’est pas forcément mauvaise s’il s’épanouit très bien par ailleurs. (…)
