INTERVIEW. RTS (la radio publique suisse), le 17/11/2016. Par Estelle Braconnier. Un Institut de l’Economie du Bonheur ouvre ce jeudi à Paris. Son objectif est de diffuser la recherche en économie du bonheur et accompagner les entreprises qui souhaitent favoriser ainsi leur croissance.
Pour produire plus, la clé est le bonheur au travail ! C’est le credo de Mickaël Mangot, directeur général de ce nouvel institut: « Vous prenez la même personne et vous la rendez heureuse dans son travail, elle sera plus productive, elle aura de meilleurs comportements sociaux dans l’entreprise, elle sera aussi vraisemblablement plus créative », explique cet économiste. « Et à la fin (…), les entreprises où les salariés sont les plus heureux de leur travail sont les entreprises qui sont les plus productives et qui sont les mieux valorisées en bourse. »
« Le bonheur peut faire l’argent », assure Mickael Mangot. Et ce souci est une prise de conscience qui s’est accentuée récemment, relève-t-il, « sous l’influence de cette fameuse génération Y qui est très focalisée sur son développement personnel, son bien-être. »
Les actions qui alimentent la générosité dans l’entreprise ou la générosité de l’entreprise sont très bien perçues par les salariés
Quelles actions peuvent-elles être mises en œuvre? « Ce sont des actions qui permettent de donner un sens à ce que fait l’entreprise aux yeux des salariés, qui permettent d’alimenter la générosité dans l’entreprise ou la générosité de l’entreprise, ce qui est très bien perçu par les salariés », poursuit le directeur de l’institut.Les actions qui permettent d’autonomiser les employés en sont un bon exemple. « On sait que lorsque vous introduisez de la flexibilité pour le compte des salariés – c’est-à-dire choisie par les salariés – ceux-ci le vivent très bien et cela a un impact très fort sur leur bien-être et sur leur productivité. »
A partir d’un certain seuil, gagner encore plus ne va pas changer le nombre d’émotions positives
A partir d’un certain niveau, trop d’argent ne rend pas plus heureux, constate Mickael Mangot: « Le plafond qui existe vaut pour la mesure émotionnelle du bonheur, c’est-à-dire le nombre d’émotions positives ressenties par jour ou – inversement – le nombre d’émotions négatives ressenties par jour. Passé ce seuil-là, pouvez gagner encore plus mais cela ne va pas changer le nombre d’émotions positives que vous allez ressentir et vous n’avez pas moins d’émotions négatives. »
Les Amish au sommet du bonheur
Aux Etats-Unis, des sociologues ont étudié les différents groupes sociaux et leur ont demandé leur niveau de bonheur. Résultat: « les deux groupes qui se sont donnés les meilleures notes sont d’un côté les très riches – qui faisaient partie du classement Forbes – et de l’autre côté les Amish, qui – au contraire – ont une existence très frugale. »
Cette économie du bonheur est déjà un business, reconnaît-t-il, « mais qui répond aux attentes de la société moderne: elle est plus déboussolée et elle se questionne beaucoup sur le sens de son existence, beaucoup plus qu’avant où elle suivait des modèles. Les personnes sont choquées, je pense, par les évolutions sociétales. Et, du coup, ont tendance à se poser cette question du sens et souvent elles y répondent avec la notion de bonheur. »
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