entrepreneur-quel-bonheurEnvie de « plaquer » votre job ? Pour vaincre l’insatisfaction au travail, la recette serait-elle de se mettre à son compte ? Que dit l’économie du bonheur sur le bonheur de l’entrepreneur ?

À première vue, les entrepreneurs semblent cumuler les tares : ils gagnent moins, en moyenne, que leurs comparables salariés alors qu’ils font plus d’heures par semaine, leurs revenus sont plus variables, ils doivent faire face à à une plus grande insécurité de l’emploi…
Pourtant, les travailleurs indépendants et les entrepreneurs ne se plaignent pas de leur sort. Au contraire ! Dans les nombreuses études sur la satisfaction au travail, il ressort qu’ils se disent plus souvent satisfaits de leur travail que ne le font les salariés. C’est notamment vrai pour la satisfaction concernant le contenu du travail.

Une rémunération psychologique

Car ce qu’ils perdent sur la dimension économique, les entre­preneurs le regagnent et plus encore sur la dimension extra-économique :

  • une plus grande autonomie dans les décisions ;
  • la sensation de contrôle sur les événements ;
  • la sensation de pleine utilisation de ses compétences ;
  • une flexibilité dans l’organisation du travail.

Une rémunération psychologique qui explique également que les salariés des PME sont en général plus satisfaits que ceux des grandes entreprises…

Un mode de vie auquel on s’adapte

S’ils sont davantage satisfaits de leur emploi, les entrepreneurs le sont-ils plus largement de leur vie ? C’est ce que confirment les études qui comparent la satisfaction de la vie des salariés et des entrepreneurs. Plus souvent que les salariés, les entre­preneurs considèrent que leur vie est proche de leur idéal, qu’ils ont obtenu ce qu’ils désiraient dans la vie et que s’ils devaient revivre leur vie, ils ne la changeraient en rien.

Mais si la satisfaction de la vie apparaît en nette amélioration au début de l’aventure (les deux premières années), les études constatent un retour à un niveau normal à partir de la troisième année. Pour certains chercheurs, il s’agirait là d’un cas classique d’adaptation. Passé un temps, les indépendants ne profiteraient plus des avantages psychologiques que leur procurent leur statut et leur mode de vie. Ou ils les ressentiraient toujours mais n’y prêteraient plus attention au moment d’évaluer leur vie.

Une autre explication est qu’avec les années les entrepreneurs commenceraient à ressentir le coût d’un mode de vie centré sur l’aventure professionnelle. Accaparant le temps et les pensées, le travail entrepreneurial prend souvent le pas sur les dimensions extraprofessionnelles de la vie. Il tend en cela à rogner la satisfaction dans des domaines aussi variés que les loisirs, les relations ami­cales, la vie de famille… C’est là un piège majeur pour l’indépendant et l’entrepreneur : se réaliser tellement dans son travail que celui-ci en vient à phagocyter le reste de la vie, au point d’annuler tous les effets psychologiques positifs qu’il peut entraîner…